Contre la maladie de Parkinson, la solution unique et universelle n’existe pas, il n’existe que des solutions tenues ensemble, que vous devez trouver par vous-même, pour un temps donné et dans une situation donnée. La stratégie de combat est globale et toujours évolutive : elle exige tout à la fois, un mental, un style de vie, une vision de la vie, un traitement pharmacologique, voire biotechnologique !

Troubles de la Parole




La régression de la parole est une des caractéristiques de la maladie de Parkinson : elle induit souvent des modifications de la voix. Les personnes ont tendance à parler moins fort ou plus doucement, même lorsqu’elles ont l’impression de parler normalement. Leur voix est rauque et monotone.
Et à mesure que la maladie évolue, ces personnes articulent moins bien ou ont la voix qui baisse. Ces personnes se plaignent aussi d’un rythme de paroles trop rapides, et d’autres remarquent que leur voix manque d’émotions.
Ces personnes observent parfois un manque de fluidité (bégaiement), elles connaissent aussi des problèmes pour commencer à parler et se plaignent de palilalie (répétition continuelle de ses propres mots).
Le ton monotone s’explique par la rigidité et la perte de mouvement au niveau des muscles intérieurs et extérieurs du larynx.

Que faire ?

Les troubles de la parole apparaissent précocement mais lentement et insidieusement et sont souvent négligés avant de devenir sévères et entrainer perte d’intelligibilité, retrait social, repli sur soi et perte d’estime de soi.
Une prise en charge précoce en orthophonie permet de lutter contre l’aggravation des troubles et de favoriser le maintien de la parole de façon optimale.

 Caractéristiques des troubles :

  • signes précoces : baisse progressive de l’intensité, monotonie de la parole, altérations de la qualité vocale (voix soufflée, voilée, éraillée) ;
  • signes plus tardifs : perte de la précision articulatoire ; troubles du rythme : rapidité ou lenteur, accélérations paroxystiques ; troubles de la fluence : palilalies 'répétitions de phonèmes, syllabes, mots ou rhèses (morceaux de phrase qu'on prononce sans reprendre sa respiration)'; difficulté d’initiation motrice de la parole (blocages) ;
Les troubles peuvent s’aggraver jusqu’à la perte totale de l’intelligibilité.

Bien qu’elles varient d’une personne à l’autre, les caractéristiques de la parole observées chez la personne atteinte de la maladie de Parkinson sont essentiellement les suivantes :
  • Voix et respiration : la qualité vocale change : la voix peut devenir rauque, éteinte et parfois tremblotante. Le volume vocal diminue, d’où une voix faible et de peu de portée. La capacité respiratoire nécessaire à la production de la voix est aussi plus limitée, et la personne a l’impression de manquer de souffle pour terminer ses énoncés.
  • Articulation : l’amplitude des mouvements articulatoires est réduite. L’articulation devient moins précise et certaines syllabes sont parfois escamotées.
  • Mélodie de la parole : le débit, c’est-à-dire la vitesse à laquelle la personne s’exprime généralement, peut être accéléré ou ralenti. La personne parkinsonienne s’exprime alors par de brefs flots de parole, et les mots se bousculent, notamment en fin d’énoncé. Elle a aussi tendance à hésiter, à répéter involontairement des sons, des syllabes ou des mots (dysfluidités). Des silences inappropriés sont observés dans les échanges conversationnels. Elle a de la difficulté à commencer un mot, une phrase et s’exprime sur un ton monotone.
D’autres manifestations peuvent être observées sur le plan de la communication globale, lesquelles altèrent l’efficacité et l’aspect naturel du langage et peuvent devenir plus ou moins handicapantes pour celui ou celle qui doit prendre la parole : une expression faciale diminuée ou figée, un contact visuel inconstant, une posture inadéquate, une faible utilisation du geste, trou de mémoire ou difficulté à exprimer ses idées, accumulation de salive dans la bouche. Une intervention en orthophonie apporte des effets positifs et durables auprès des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, à un stade où les capacités neuromusculaires et cognitives sont suffisantes pour entreprendre un programme d’exercices et intégrer les consignes applicables. Pour cette raison, une intervention précoce est souhaitable.

Afin de prévenir ces situations handicapantes, l’orthophoniste évalue la situation globale de la personne aux prises avec des difficultés d’élocution et établit des objectifs d’intervention en fonction de ses besoins particuliers. Dans certains cas, un programme d’exercices bucco-faciaux pourra être indiqué à titre préventif ou thérapeutique. Dans d’autres circonstances, si la voix est très faible, l’utilisation d’un amplificateur de voix ou d’un téléphone adapté pourra être envisagée. Dans les cas sévères, le plus souvent à un stade avancé de la maladie, l’orthophoniste interviendra plutôt de façon indirecte en proposant des stratégies compensatoires et des aides techniques à la communication verbale. Quant à la personne qui aurait besoin d’appareils spécifiques pour améliorer sa condition, c’est encore l’orthophoniste qui saura la renseigner sur les programmes publiques existants et les possibilités d’obtenir des compensations financières pour en défrayer les coûts.

Les objectifs visés par l’intervention en orthophonie sont les suivants :

  • le maintien ou l’amélioration des paramètres (respiration, voix, articulation) et de la mélodie de la parole ;
  • le maintien des capacités optimales de communication.

Voici quelques conseils pour mieux se faire comprendre en dépit d’un trouble de la parole :
Environnement et positionnement - Faire en sorte de :

  • diminuer le bruit ambiant (ex. : baisser le volume de la radio ou de la télé) ;
  • privilégier les conversations dans des lieux bien éclairés (ex.: éviter les sections sombres des restaurants) ;
  • se placer à proximité de l’interlocuteur pour lui parler (ex.: éviter de parler d’une pièce à l’autre de la maison) ;
  • avoir l’attention de l’interlocuteur et se placer face à lui (ex.: attendre la fin d’une phrase ou d’une activité pour lui parler) ;
  • s’assurer de toujours avoir un bon contact visuel avec l’interlocuteur ;
  • rendre son visage et sa bouche bien visibles (ex.: éviter de placer les mains sur la bouche ou le visage).
Contrôle de la parole - Faire des efforts pour :
  • organiser ses idées avant de parler ;
  • rendre son visage le plus expressif possible, exagérer la mimique au besoin ;
  • prendre une bonne inspiration, puis amorcer doucement la parole ;
  • projeter sa voix au maximum ;
  • exagérer les mouvements articulatoires ;
  • faire des phrases courtes ;
  • faire des pauses dans les énoncés ;
  • ralentir sa vitesse de parole (son débit).
Pour éviter les bris de communication :
  • demander à l’interlocuteur de signaler ses incompréhensions ;
  • toujours s’assurer que l’interlocuteur a bien compris.
Il importe avant tout de prendre sa place, de ne pas laisser les autres parler pour soi et de demeurer communicatif.

Voici quelques conseils à l’intention des interlocuteurs de la personne atteinte :

  • donner toute son attention à la personne qui parle ;
  • être particulièrement attentif à sa bouche et à son visage ;
  • l’encourager à parler plus fort si sa voix est trop faible ;
  • éviter de l’interrompre lorsqu’elle met du temps à organiser ses idées, à commencer ou à finir ses phrases ;
  • lui faire savoir ce qui a été compris ou pas ;
  • lui demander de répéter ou, au besoin, de reformuler en d’autres mots ce qui n’a pas été compris d’un énoncé.
Dans tous les cas, l’orthophoniste saura intervenir pour suggérer les stratégies les plus appropriées.


Conseils pour ses proches :
  • Faire preuve de patience en lui laissant le temps de s’exprimer
  • Ne pas l’interrompre en lui laissant plus de temps
  • L’inciter à participer aux conversations
  • Lui parler normalement sans crier
  • L’écouter avec attention
  • Utiliser des phrases courtes et des mots-clés
  • Éviter de lui poser des questions compliquées
  • Lui demander de répéter sans énervement en cas d’incompréhension et l’aider à reformuler plus simplement
  • Rester à sa proximité pour converser et discuter
  • Éviter des conversations parasitées par des bruits ambiants : TV, radio, …